1. Qu’est-ce que la jalousie?
Au niveau étymologique, la jalousie vient du mot jalosie « sentiment d’inquiétude que l’on éprouve à l’égard de la fidélité de la personne aimée ». La jalousie est un sentiment complexe qui représente des pensées et des sentiments d’insécurité, de peur et d’anxiété à l’idée de perdre le lien affectif et exclusif avec l’être aimé. Nous aimons nous sentir uniques pour l’autre dans notre lien affectif. La jalousie peut nous faire ressentir de la colère, de la tristesse, de la frustration, du dégoût, parfois aussi de l’agressivité et nous faire grandement souffrir. Le partenaire victime de la jalousie de son partenaire ressent également de la souffrance. Les symptômes de la jalousie sont réels et variés: outre les émotions négatives et les pensées de comparaison avec un soi-disant rival, des symptômes physiques sont possibles comme les mains moites et tremblantes, une respiration difficile, des crampes d’estomac, une baisse de l’appétit, une accélération du rythme cardiaque, de l’insomnie, l’impression de pouvoir s’évanouir à tout moment, des rougissements et des bouffées de chaleur.
La jalousie renvoie au tiers, au troisième. Dans la conception de l’amour romantique, le désir de fusion avec l’âme-soeur est omniprésent, « ne faire qu’un », « n’être qu’à deux ». Or, se sentir jaloux(se) est toujours en lien avec un tiers, que ce soit une autre personne ou même parfois une autre activité en dehors du couple. A un moment, le couple sort de la période fusionnelle et entre dans l’altérité comme je l’ai expliqué lors des phases du couple dans un précédent article. L’autre commence à investir d’autres sphères, personnes, que le couple et c’est là qu’intervient la jalousie. Je vais me centrer plus sur la jalousie amoureuse, mais les principes sont les mêmes si vous ressentez de la jalousie pour l’activité de l’autre (sport, travail, hobbies, etc).
La jalousie, bien entendu, peut être basée sur des faits réels concrets, ou imaginaires.
2. Il est normal d’être jaloux(se) quand on aime!
Brisons un préjugé. Il est normal quand on aime de se sentir jaloux(se)! Nous sommes élevés dans une certaine exclusivité dans notre développement psycho-affectif. Un enfant a besoin de l’attention exclusive d’abord de sa mère, il est en lien quasi-exclusif dans sa vie intra-utérine et dans les premiers mois de sa vie. Des études en psychologie montrent que l’enfant peut montrer de la jalousie très tôt si par exemple sa mère porte l’attention sur une poupée d’apparence humaine. Nous le savons l’arrivée d’un deuxième enfant fait naître chez l’ainé presque toujours un sentiment de jalousie et de rivalité fraternelle. La perte d’estime de soi sera omniprésente pour le partenaire jaloux(se).
En amour, le sentiment de jalousie signifie 2 choses: « je suis très attaché à toi, je t’aime » et « j’ai peur de te perdre, d’être remplacé(e) ». Bien souvent, je dis a mes patient(e)s, osez avouer que vous ressentez de la jalousie car elle est légitime. Par contre, tous les comportements engendrés par la jalousie comme le contrôle, la surveillance, l’agressivité, la menace, sont eux inacceptables. Distinguons donc bien le sentiment de jalousie des comportements qu’elle suscite.
3. La jalousie normale ou la jalousie pathologique
Aimer son partenaire et être aimé(e) en retour est la base du sentiment amoureux. Perdre cet amour, même en imagination, peut être particulièrement douloureux. Comme nous l’avons vu plus haut, la jalousie peut être normale et légitime dans une certaine mesure. Mais quand elle devient extrême ou qu’elle est associée à des comportements inacceptables, elle est pathologique.
Elle peut être extrême car nous sommes obsédés par l’autre et rien ne compte d’autre, ce qui peut même engendrer des difficultés dans sa vie quotidienne. Au début de la rencontre, il est normal d’être « obsédé(e) » par l’autre. Mais, au fur et à mesure que la relation s’installe, la confiance et la stabilité de la relation permettent de s’autonomiser l’un de l’autre. Mon meilleur conseil dans ce cas est d’investir d’autres zônes de sa vie, de se centrer sur soi et d’apprendre à être plus autonome.
La jalousie pathologique ou maladive est liée à l’envie de « posséder » l’autre de façon permanente, excessive, exclusive ou récurrente et s’accompagne souvent de comportements qui visent à réduire la liberté de l’autre. La jalousie peut être en ce sens une forme de paranoia. Malheureusement, la jalousie pathologique est plus souvent le fait des hommes que des femmes.
4. Des différences homme/femme
La jalousie ne se manifeste pas de la même façon pour un homme ou une femme. Bien souvent, les femmes ressentiront plus souvent de la tristesse ou de la détresse alors que chez les hommes, c’est plus souvent de colère, de l’agressivité qui se manifesteront.
Les femmes auront tendance à plus développer une jalousie émotionnelle c’est à dire qu’elles seront très sensibles aux attentions que leurs partenaires offrent à une autre femme, qu’il y ait ou non passage à l’acte sexuel.
Par contre, un homme éprouvera de la jalousie sexuelle lorsque le partenaire a (ou pourrait avoir) une relation d’une durée plus ou moins longue basée sur le sexe (mais sans sentiments profonds) avec une autre personne que son partenaire de vie.
Pour cette raison, les hommes supportent beaucoup moins l’infidélité sexuelle de leur partenaire alors que les femmes sont plus affectées par l’infidélité émotionnelle de leur conjoint.
5. Les origines de la jalousie
Il existe différentes théories dans la littérature pour expliquer la jalousie de façon générale. Pour les psychanalystes, la jalousie prend sa source dans le complexe d’Oedipe avec la volonté de « tuer » symboliquement le père ou la mère et ne faire qu’un pour les garçons avec leur mère, pour les filles avec leur père.
Dans l’évolution de l’espèce, pour les théories dites évolutionnistes, la reproduction est survalorisée ce qui légitimerait l’infidélité. Pour contrer cela, l’homme doit veiller à ce que leur partenaire soit fidèle pour ne pas à avoir à épuiser ses ressources à élever d’autres enfants que les siens. Pour la femme, elle veut s’assurer que l’homme ne porte pas attention à d’autres femmes pour ne pas perdre les ressources nécessaires à sa survie!
Quoi qu’il en soit, j’ai constaté des raisons individuelles bien plus importantes chez mes patient(e)s. Souvent, la personne jalouse a manqué d’amour, d’attention étant enfant, ou a été élevé(e) dans un contexte de rivalité particulièrement important. La peur d’abandon, de rejet, est donc la principale base de la jalousie. Pour une petite fille, c’est le plus souvent le manque d’attention de la mère, pour un petit garçon, le père ou la mère manquante engendreront des blessures. Cela peut aussi être lié à la fratrie, le sentiment d’avoir été moins bien aimé(e) qu’un frère ou une soeur voire une cousine par exemple ou d’avoir été continuellement comparé(e). Dans la relation affective, le partenaire cherche parfois inconsciemment à réparer ses blessures d’enfant, et fera porter dans le couple ces manques. D’où une jalousie infondée liée au partenaire. La personne jalouse va revivre dans la relation amoureuse plus ou moins intensément ce qu’elle a vécu dans son enfance. Alors comment en sortir?
6. Sortir de la jalousie: mes meilleurs conseils
Rassurez-vous: Exception faite des manipulateurs/trices et des grands séducteurs/séductrices, il n’y a aucune raison de s’inquiéter si la relation est stable, positive et que l’amour et la sexualité sont entretenus régulièrement.
Aimez-vous: Pour celui qui est jaloux, sortir de la jalousie impliquera presque toujours une reconstruction de l’estime de soi.
Explorez vos sentiments sous-jacents et reconnaissez-les: comme je le précisais plus haut, regardez quelles sont vos peurs et à quoi elles vous renvoient dans l’enfance. Le travail avec un thérapeute peut vous y aider.
Il est important de ne pas faire de « passage à l’acte » c’est à dire de ne pas avoir des comportements extrêmement dommageables pour le couple. Evitez de passer votre partenaire à l’interrogatoire, et évitez toute forme de contrôle. Cela ne pourrait que faire fuir l’autre.
Respirez, respirez, respirez: je conseille souvent à mes patients lors d’émotions intenses comme la jalousie de faire pause, d’aller se balader et d’apprendre à respirer. L’hypnose, la méditation de pleine conscience peuvent aider.
Guérissez de vos blessures d’enfant: plus vous allez guérir de votre passé, mieux vous vous sentirez et vos peurs d’abondons s’apaiseront.
N’attendez pas tout de l’autre: l’autre est un être humain avec ses limites, il ne peut pas combler toutes vos demandes d’amour ou vos blessures d’enfant. L’amour peut se vivre aussi sous une autre forme dans les relations amicales, dans l’intérêt pour ses passions, dans l’amour pour des enfants, petits enfants!
7. Quelques conseils si vous êtes victimes de la jalousie de l’autre
Si vous êtes dans un couple avec quelqu’un de jaloux(se), premièrement il est important d’évaluer le degré de jalousie de l’autre. Si elle est pathologique et s’accompagne de comportements destructeurs physiques ou verbaux, fuyez! Vous ne pouvez tolérer des menaces à répétition, de la violence physique ou verbale. Dans ce cas, protégez-vous.
Ne cédez pas à la pression, à la privation de liberté, aux contrôles. Ce n’est pas un service que vous lui rendez. Bien souvent, si vous l’apaisez, votre partenaire jaloux va trouver un autre sujet de discussion.
Rassurez l’autre de votre amour dans une certaine mesure! Ne cédez pas à trop de demandes de réassurance! Cela peut être épuisant.
En dernier recours, incitez l’autre à consulter un thérapeute! J’ai aidé pas mal de personnes victimes de jalousie ou jalouses.
Dans tous les cas, des solutions existent.